Définition ancrée dans « violence, contrainte, menace ou surprise »
Le viol et les agressions sexuelles reposent sur la caractérisation d’un des quatre éléments matériels. Le non-consentement n’est pas une entrée autonome.
Évolution des articles 222-22 et 222-23 du Code pénal
Définition fondée sur « violence, contrainte, menace ou surprise »
Articles 222-22 & 222-23
Constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise.
Exemple jurisprudentiel
Cas 1 : Endormie, donc surprise - Cass. crim., 29 mai 2024
Renforcement global des infractions sexuelles et création d'outils connexes (soumission chimique, etc.)
Articles 222-22 & 222-23
Pas de bascule vers un critère central de « non-consentement » mais renforcement des outils
Principales évolutions
Renforcement des infractions et outils de lutte contre la soumission chimique
Ajout explicite de « l'acte bucco-génital » et seuils protecteurs pour mineurs (222-23-1, 222-23-2)
Articles 222-22 & 222-23
Tout acte bucco-génital commis par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol
Exemple jurisprudentiel
Cas 4 : Fellation imposée - Acte bucco-génital désormais qualifié de viol
Intègre l'absence de consentement au cœur de la définition, avec critères « libre, éclairé, spécifique, préalable et révocable »
Articles 222-22 & 222-23
Est constitutive d'une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise sans le consentement
Exemple jurisprudentiel
Cas 6 : Stealthing - Zone grise clarifiée par le critère du consentement
Quatre jalons pour suivre le glissement du critère « violence/contrainte » vers la centralité du consentement.
Le viol et les agressions sexuelles reposent sur la caractérisation d’un des quatre éléments matériels. Le non-consentement n’est pas une entrée autonome.
Création d’outils connexes (soumission chimique, infractions aggravées) mais maintien du quatuor violence/contrainte/menace/surprise comme socle.
Le viol englobe désormais l’acte bucco-génital ; création des articles 222-23-1 et 222-23-2 pour protéger les mineurs de moins de 15 ans. Le texte reste centré sur les quatre critères historiques.
La qualification vise un consentement « libre, éclairé, spécifique, préalable et révocable ». Harmonisation Assemblée/Sénat en cours, pivot vers une lecture probatoire rapprochée des standards européens.
Pour vos papiers : des cas stabilisés par la jurisprudence, avec points d’accroche terrains.
Acte de pénétration sur victime endormie. La surprise suffit.
La Cour de cassation confirme qu’exploiter le sommeil de la victime pour une pénétration caractérise l’élément de surprise. La qualification de viol est validée. (Légifrance)
À retenir
Si la personne dort, il n’y a pas consentement valide.
Attouchements poursuivis alors que la victime reste figée.
La chambre criminelle admet qu’un état de sidération peut caractériser la surprise pour des agressions sexuelles, sans contrainte physique matérialisée. (Légifrance)
À retenir
Rester figé·e n’est pas consentir.
Pénétration digitale, anale ou par objet, finalité sexuelle.
La jurisprudence retient que la pénétration digitale, anale ou par objet peut suffire à caractériser le viol dès lors que la finalité sexuelle est établie. (Cour de cassation)
À retenir
La pénétration ne se limite pas au pénis.
Acte bucco-génital imposé par l’auteur.
Avant 2021, la qualification de viol par fellation était incertaine lorsque la pénétration n’était pas « sur la victime ». Depuis la réforme de 2021, l’acte bucco-génital imposé est expressément visé par l’article 222-23. (Légifrance)
À retenir
Depuis 2021, une fellation imposée = viol.
Viol au sein du couple durant le sommeil de l’épouse.
La Cour de cassation admet les poursuites pour viol conjugal commis durant le sommeil de l’épouse, confirmant l’autonomie de la surprise même en contexte conjugal. (Légifrance)
À retenir
Le mariage ne vaut jamais consentement.
Des zones grises sous l’ancienne rédaction qui basculent avec le consentement explicite.
Changement non consenti des modalités du rapport.
Pas d’arrêt de principe en France. La doctrine plaide pour qualifier le viol par surprise. Le texte 2025 sécurise la qualification via l’absence de consentement. (Village de la Justice)
À retenir
Retirer le préservatif sans accord annule le consentement.
La victime retire son accord en cours d’acte. L’auteur continue.
Les travaux parlementaires précisent la révocabilité du consentement. La version 2025 verrouille la qualification là où l’ancien droit discutait contrainte ou surprise. (Assemblée nationale)
À retenir
Dire « stop » change la qualification.
La victime dormait, débat autour du « stratagème » et de la surprise.
Une décision récente illustre les controverses sur la surprise en cas d’erreur sur la personne. Le pivot « non-consentement » de 2025 verrouille l’analyse. (Légifrance)
À retenir
Ce n’est pas consentir si l’on est endormi et trompé.
Avant 2021, insécurité sur la qualification.
En 2001, la Cour a pu exclure le viol lorsqu’il n’y avait pas pénétration sur la victime. La réforme 2021 comble la brèche ; 2025 consolide via le prisme du consentement. (Légifrance)
À retenir
La règle change en 2021 et se renforce en 2025.
Abus sous emprise hiérarchique ou psychique, preuves lacunaires.
La CEDH critique la France pour l’insuffisante prise en compte du consentement dans les contextes d’emprise. La réforme 2025 rapproche le droit interne de ces exigences. (Le Monde)
À retenir
Le consentement se juge à chaque instant et dans son contexte.
Probabilités indicatives d’une qualification « viol/agression sexuelle » selon les textes, à partir des arrêts et travaux cités.
| Cas | Faits (ultra bref) | Source | Probabilité | Commentaire clé |
|---|---|---|---|---|
| 1 Sommeil = surprise | Pénétration sur victime endormie | Cass. crim., 29 mai 2024 | 1994: 85% • 2018: 85% • 2021: 90% • 2025: 95% | Surprise autonome consacrée. (Légifrance) |
| 2 Sidération | Attouchements, victime figée | Cass. crim., 11 sept. 2024 | 1994: 60% • 2018: 65% • 2021: 70% • 2025: 90% | Sidération ≈ surprise; 2025 clarifie. (Légifrance) |
| 3 Doigt/objet | Pénétration digitale/anale | Cass. crim. 1994-1997-2001 | 1994: 80% • 2018: 85% • 2021: 90% • 2025: 95% | Finalité sexuelle déterminante. (Cour de cassation) |
| 4 Fellation imposée | Acte bucco-génital imposé | Cass. 2001 + loi 2021 | 1994: 40% • 2018: 45% • 2021: 95% • 2025: 95% | 2021 inclut l’acte bucco-génital. (Légifrance) |
| 5 Viol conjugal sommeil | Pénétration durant sommeil conjugal | Cass. crim. 2023/2024 | 1994: 80% • 2018: 85% • 2021: 90% • 2025: 95% | Surprise confirmée en contexte conjugal. (Légifrance) |
| 6 Stealthing | Retrait du préservatif sans accord | Analyses doctrinales | 1994: 40% • 2018: 50% • 2021: 55% • 2025: 90% | 2025 sécurise via le non-consentement. (Village de la Justice) |
| 7 Retrait du consentement | « Stop » ignoré en cours d’acte | Rapports AN/CE | 1994: 55% • 2018: 60% • 2021: 65% • 2025: 95% | Révocabilité explicitée en 2025. (Assemblée nationale) |
| 8 Erreur sur la personne | Sommeil + confusion d’identité | Cass. 2024 (débat) | 1994: 50% • 2018: 55% • 2021: 60% • 2025: 90% | 2025 tranche via le prisme du consentement. (Légifrance) |
| 9 Fellation pré-2021 | Acte imposé par l’auteur | Cass. 2001 | 1994: 35% • 2018: 40% • 2021: 95% • 2025: 95% | 2021 comble la brèche, 2025 consolide. (Légifrance) |
| 10 Contrôle coercitif | Emprise hiérarchique, violences invisibles | CEDH 2025 | 1994: 45% • 2018: 50% • 2021: 55% • 2025: 90% | Alignement avec le standard CEDH. (Le Monde) |
Probabilités = estimation informée pour comparer les régimes. Elles illustrent l’évolution du seuil probatoire, pas un taux officiel.
Cartographie des 10 cas avec leur fondement juridique et jalons jurisprudentiels.
Pénétration sur victime endormie
Attouchements, victime figée
Pénétration digitale/anale
Acte bucco-génital imposé
Pénétration durant sommeil conjugal
Changement non consenti des modalités
« Stop » en cours d'acte ignoré
Sommeil + confusion d'identité
Acte imposé avant réforme
Emprise hiérarchique/psychique
Outil d'analyse rapide pour journalistes et juristes confrontés à un cas concret.
Sur le contexte : Y avait-il un déséquilibre de pouvoir (hiérarchique, économique, psychologique) ?
Sur la capacité : La personne était-elle en état de consentir (sobre, éveillée, consciente) ?
Sur l'information : Les modalités de l'acte ont-elles changé sans accord (ex: retrait préservatif) ?
Sur la révocabilité : Un refus ou un « stop » a-t-il été exprimé et ignoré ?
Sur la finalité : L'acte avait-il une finalité sexuelle pour l'auteur ?
L'absence de résistance physique, de cris ou de traces de violence ne signifie pas consentement. La sidération, la surprise et l'emprise psychologique sont reconnues par la jurisprudence.
Avec la version 2025, vous n'avez plus à « prouver » violence/contrainte/menace/surprise dans tous les cas. Si le consentement libre, éclairé, spécifique, préalable et révocable fait défaut, la qualification est possible.
Adoptée par le Conseil de l'Europe en 2011 et ratifiée par la France en 2014, la Convention d'Istanbul fait du consentement la pierre angulaire de la lutte contre les violences sexuelles. Elle impose aux États une politique intégrée « prévenir – protéger – poursuivre » et oblige à financer des services spécialisés, former les professionnel·les et collecter des données fiables pour suivre l'impact réel des lois.
Le GREVIO (Groupe d'expert·es indépendant·es) contrôle l'application du traité. Il auditionne l'État et la société civile, publie des rapports publics et peut déclencher une procédure d'alerte lorsque des droits fondamentaux sont menacés. Ses recommandations orientent les réformes nationales et les budgets : la France devra démontrer que la réforme 2025 rend le consentement effectif, du dépôt de plainte jusqu'aux décisions de justice.
Pour aller plus loin : texte intégral de la Convention d'Istanbul · site du GREVIO